Prescriptions dématérialisées : Implications et points d’attention

01.10.2021

Prescription papier, sur internet, via une application ou directement sur son e-ID, c’est la nouvelle habitude à avoir dans vos cabinets. Pour que ceci se déroule au mieux, l’Association Pharmaceutique Belge (APB) et le Collège de Médecine Générale (CMG) attirent votre attention sur certains principes ou problèmes qui pourraient survenir dans ce nouveau système.

Depuis le 15 septembre dernier, nous sommes entrés dans une phase essentielle de la dématérialisation de la prescription chez les médecins généralistes. Cela signifie un gain de temps, une autonomie plus marquée pour le patient et une meilleure évaluation de l’observance thérapeutique. Mais sur le terrain, ceci va indéniablement entraîner des bouleversements. Médecins prescripteurs et pharmaciens dispensateurs vont devoir faire preuve de compréhension respective afin de continuer à assurer un service optimal à la population. C’est pourquoi l’Association Pharmaceutique Belge (APB) et le Collège de Médecine Générale (CMG) soutiennent le trajet de dématérialisation et souhaitent que la transition se passe au mieux. Cependant, nous attirons l’attention des médecins généralistes et des pharmaciens sur certains principes ou problèmes qui pourraient survenir dans ce nouveau système et les moyens de les éviter autant que possible.

Un webinaire sur la dématérialisation de la prescription électronique est disponible et peut être visionné par ici.

3 choix pour le patient

Aujourd’hui, le médecin généraliste peut (mais ne doit pas) déroger à l’obligation d’imprimer la preuve papier des prescriptions électroniques à condition que le patient ait donné son accord ou l’ait demandé. Celui-ci peut désormais choisir la manière dont il reçoit son ordonnance :

  1. Demander la preuve papier de la prescription électronique à son médecin. Beaucoup de logiciels médicaux ont désormais implémenté le principe du Single Item c’est-à-dire d’un seul produit (médicaments ou autre) par prescription. La preuve de prescription électronique (version papier) sera adaptée en conséquence avec l’impression d’une feuille A4 qui permet d’intégrer 4 codes RID soit 4 médicaments prescrits.
  2. Imprimer lui-même sa prescription via les plateformes sécurisées (masante/Myhealthviewer/Helena/ Mapharmacie/Farmad) ou utiliser directement les applications pour présenter le code RID.
  3. Via sa carte d’identité (ou le recours au numéro NISS enregistré dans le dossier pharmaceutique du patient) qui permet au pharmacien avec qui le patient a une relation thérapeutique d’aller chercher l’ordonnance dans la « List Open Prescription ». Lors de l’utilisation de cette troisième option, il est à noter que le pharmacien peut visualiser l’ensemble des prescriptions d’un patient. Cette option n’est à utiliser qu’en cas de besoin, car elle n’offre pas (encore) les mêmes garanties en termes d’accès à l’information figurant sur la prescription. Si le patient lors de son passage à la pharmacie n’a pas sa carte d’identité ou que la prescription concerne une autre personne ou que la personne est un résidant étranger (les logiciels pharmaciens devraient bientôt tous pouvoir créer une relation thérapeutique sur base de la carte isi+), le pharmacien ne pourra pas avoir accès à la prescription.
Médicaments
©Roberto sorin

Quelques points d’attention

Tant les médecins généralistes que les pharmaciens soutiennent cette dématérialisation de la prescription. Cependant, il faut souligner que la preuve de prescription papier reste une valeur sûre qui évite toute entrave à la continuité des soins. À ce propos, nous souhaitons attirer votre attention sur plusieurs points importants :

  • la preuve papier sera utile en cas de souci informatique à un niveau de la chaîne ou de panne de Recip-e ;
  • les préparations magistrales à texte libre peuvent être imprimées sur la preuve papier mais ne sont pas facilement exploitable par voie digitale ;
  • en période « tendue » comme la garde ou en fin de journée, il est toujours plus sûr de donner une preuve papier ;
  • il faut veiller à encoder la posologie dans les logiciels afin qu’elle soit transmise au pharmacien avec le téléchargement de l’ordonnance électronique. Les logiciels proposent une posologie par défaut qu’il faut toujours bien vérifier et ne pas valider par erreur. Il en est de même pour les posologies en texte libre pour lesquelles il vaut mieux imprimer une preuve de prescription papier ;
  • via la carte d’identité, la prescription est visible par défaut, si le patient veut cacher certains médicaments au pharmacien, il doit en faire expressément la demande à son médecin généraliste. Attention que le fait de cacher un médicament au pharmacien pourrait poser des problèmes au niveau de l’interaction médicamenteuse. Lorsque le patient souhaite masquer un médicament, il est nécessaire de veiller à ce qu’il dispose du code RID soit via une application soit via une preuve papier. Avec la seule carte e-ID, il ne sera possible à aucun pharmacien d’avoir accès à l’ordonnance masquée.

À noter

Pour rappel, le lien thérapeutique avec un pharmacien est créé dès que le celui-ci lit la carte e-ID d’un patient lors de son passage en pharmacie et est valable 15 mois à partir de ce moment.

D’ici la fin de l’année, il est prévu que le patient puisse donner un mandat de manière électronique à une personne de confiance pour aller chercher les médicaments prescrits.

L’asbl Recip-e recommande de continuer à fournir une preuve de prescription sur papier aux patients « non numériques ». Si le patient est suffisamment familiarisé avec le numérique, il lui appartient d’opter ou non pour une prescription dématérialisée. « En votre qualité de médecin, vous devez alors vous assurer que le patient sait comment consulter la prescription électronique et comment retirer les médicaments avec cette prescription », détaille Recip-e.

Moyennant ces quelques recommandations, nous sommes convaincus que la transition pourra se dérouler au mieux entre les patients, les médecins généralistes et les pharmaciens.

Le Collège de Médecine Générale et l’Association Pharmaceutique Belge