Covid-19 et infections respiratoires se côtoieront dans nos cabinets cet hiver. Quelle attitude adopter face aux suspicions de Covid et quelles recommandations suivre concernant l’utilisation des masques et des tests ? Nous faisons le point sur le testing et les masques.
L’épidémie Covid continue à progresser en vagues de plus en plus faibles. Les virus SRAS-CoV2 font désormais partie de notre environnement de vie et pour nous, médecins généralistes, des pathologies courantes. L’immunité acquise par la population, par vaccination ou après contact avec le virus, est devenue bonne et permet de limiter le nombre de malades, particulièrement ceux développant une forme sévère.
Dès lors, quelle attitude adopter cet hiver face aux suspicions de Covid et plus largement devant les infections respiratoires ? Le point sur le testing et les masques.
Les éléments suivants guident nos recommandations
- Les infections virales respiratoires (IVR) dans leur ensemble (et pas seulement la Covid) provoquent une pression importante sur le système de soins chaque hiver, et ce système a été fragilisé par la pandémie. C’est donc l’ensemble des IVR qu’il nous faut considérer, en particulier pour considérer le port du masque et pour les interruptions de travail.
- La pandémie nous a invité à changer d’habitudes en termes de présence au travail lors d’une maladie : préférer la prudence en restant chez soi lorsqu’on est malade et contagieux, plutôt que de vouloir être présent à tout pris au travail (présentéisme).
- En ce qui concerne plus spécifiquement la Covid, il s’agit de protéger les personnes à risque de développer une forme grave, tout en laissant les autres personnes s’immuniser par la circulation du virus.
Les recommandations officielles
Les recommandations actuelles sont en synthèse (détails sur Sciensano) :
- Ne plus tester systématiquement et de le faire uniquement « sur bases cliniques ». Ceci est peut-être flou pour bon nombre de médecins, aussi nous voudrions préciser un peu les choses.
- Utiliser les autotests. Or, la sensibilité d’un test antigénique est de 64% si on considère le test PCR comme le golden standard. Ce qui veut dire en pratique qu’un test négatif n’est pas valide, ne veut rien dire car il y a un grand risque de faux négatif. Or, c’est justement les test négatifs fiables que nous cherchons. C’est difficile à expliquer aux gens et à faire accepter : la plupart sont (faussement) rassurés par un test négatif et ne prennent plus de précaution.
- Rester chez soi quand on est malade. Mais combien de temps ? On ne peut pas laisser 7 jours à la maison toute personne enrhumée.
Selon nous, le testing doit poursuivre deux objectifs :
- Protéger les personnes fragiles d’une infection Covid qui peut être grave pour elles mais qui est devenue bénigne pour la majorité des personnes.
- Pouvoir traiter selon les recommandations en cours (voir les recommandations KCE)
Recommandations pour le testing Covid en médecine générale
- Ne plus effectuer de tests systématiques.
- Ne pas confirmer par PCR un autotest ou un test antigénique rapide positif : quand c’est positif, c’est positif.
- Laisser aller travailler ou aller à l’école si l’état clinique de la personne le permet. Ajuster ou renforcer les mesures d’hygiène : masque, aération, lavage des mains… Un certificat de maladie se base sur l’état clinique.
- Déconseiller très fortement à des personnes malades de voir des personnes à risque pendant 7 jours, voire même 14 jours. Et cela quel que soit le résultat d’un test, qui est probablement inutile (cf. ci-dessus : sensibilité). Si le contact est indispensable, port d’un masque FFP2 et respect des distances, lavage des main et aération.
- S’il n’est pas possible ou si c’est trop compliqué d’isoler une personne malade d’une personne à risque, tester la personne malade par PCR.
- Tester toute personne à risque pouvant bénéficier d’un traitement anticovid le plus vite possible en cas de symptômes suspects.
- Il découle des deux points précédents que toute personne malade en MRS devrait se faire tester: test rapide, dont l’avantage est de donner une réponse rapidement; et s’il est négatif, réaliser un PCR. En effet, malgré un excellent taux de vaccination dans les MR, les résidents ont par leur âge,
- à la fois une moins bonne réponse immunitaire à la vaccination
- à la fois un plus grand risque de développer une forme grave.
- enfin, ils ont accès à un traitement précoce en cas de diagnostic.
Ceci reste à discuter avec le MCC concerné.
Et le masque ?
Il reste obligatoire dans les milieux de soins de santé, selon les recommandations du RMG, et cela même au niveau 1 de gestion de l’épidémie. Or, nous sommes actuellement toujours au niveau 2, de telle sorte que l’on peut parler de situation stable. Et il faut bien reconnaître que le masque constitue une bonne protection contre toutes les infections virales respiratoires (et certaines gastro-entérites). Il permet donc de limiter la contagion à la fois pour protéger des personnes fragiles et pour garder au travail les professionnels de la santé.