Menu
La différence entre les contaminations et la saturation des hôpitaux est l’une des caractéristiques de la vague Omicron. Cela veut-il dire que ce variant est moins virulent ? Voici quelques éléments de réponse.
Le décrochage entre les courbes de contaminations d’une part et d’hospitalisation et d’admission en USI d’autre part est une des caractéristiques de la 5e vague de Covid – aussi appelée « vague Omicron » puisque provoquée et dominée par ce variant. Les médias ont relayé les hypothèses évoquant une virulence moindre du virus, voire sa moindre invasion des voies respiratoires inférieures. Mais est-ce la seule cause de cette différence ? Un article du NEJM discute des défis à déduire les caractéristiques d’Omicron des observations épidémiologiques. Quelques éléments à retenir.
La proportion cas/morbidité (the case fatality rate – CFR) est une mesure de la sévérité d’une infection. Elle est très différente avec le variant Omicron par rapport aux précédents. Mais l’augmentation de l’immunité dans la population complique la comparaison entre les variants sur base de cet indice. Le variant Omicron a émergé après plusieurs vagues d’infections avec divers variants, qui ont laissé une population au moins partiellement immunisée par ces infections. Cette immunité post-infectieuse a été complétée et renforcée par l’immunité vaccinale.
La modification de la protéine S qui caractérise le variant Omicron lui donne une capacité d’échappement immunitaire (immune-evasion capability) et donc la possibilité d’infecter des personnes ayant déjà une immunité (post-infection ou vaccinale) : il infecte largement toute la population, donc aussi beaucoup de personnes ayant de bonnes capacité de réponse immunitaire et qui développent des formes bénignes. Au contraire des variants Beta et Delta, par exemple, qui échappent moins à l’immunité vaccinale, infecteraient moins de personnes ayant une bonne réponse immunitaire (et ayant donc bien répondu au vaccin ou gardant une immunité post-infection plus longtemps) : la population atteinte par ces variants est donc plus fragile et développe davantage de formes graves ou sévères ; le taux cas/morbidité est plus faible, il y a plus de gens très malades proportionnellement au nombre total de cas.
Les auteurs concluent qu’il faudra encore du temps et de fines comparaisons pour déterminer la virulence intrinsèque du variant Omicron.
Retenons que les caractéristiques de la vague Omicron sont liées aux caractéristiques du virus mais aussi largement à l’immunité de la population. De quoi ne pas lâcher l’importance de la vaccination, ou d’une immunité post-infectieuse pour ceux qui ont une bonne réponse immunitaire et peu de risque de développer une forme grave – ou de combiner les deux types d’immunité pour qu’elles se renforcent.
Lecture par le Dr I. Dagneaux
© 2021, Le Collège de Médecine Générale de Belgique francophone asbl