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25.10.2021
Alors que la pandémie évolue peu à peu vers une phase endémique, il est plus important que jamais d’envisager cette nouvelle étape et d’adopter des stratégies en adéquation avec une gestion quotidienne de la maladie et les réalités du terrain.
-> La communication officielle adressée à la taskforce testing se trouve par ici.
La rentrée scolaire et l’arrivée des viroses hivernales éprouvent les stratégies mises en place par le gouvernement pour maîtriser l’épidémie de Coronavirus : la vaccination continue à progresser doucement, les injections des 3e doses débutent, le testing rencontre quelques écueils et les citoyens font régulièrement face à une perte de sens face à l’hétérogénéité des réponses mises en place. Dans ce cadre, le Collège de Médecine Générale s’interroge, lui aussi, sur l’application de certaines mesures sur le terrain.
Nous sommes en train de vivre une pandémie qui évolue peu à peu vers une phase endémique dont on ne saura pas identifier, dans l’immédiat, le point de basculement. Il nous faut préparer ce nouvel état des choses, en restant prêts à réagir à une éventuelle recrudescence des cas de Covid-19. Dans ce cadre, n’est-il pas temps d’intégrer ce changementdans notre manière de soigner et de vivre ? Nos comportements face aux maladies virales sont amenés à changer : port du masque, télétravail, mise en quarantaine lors de signes d’infection, ventilation des espaces de vie. Ces mesures sont autant d’habitudes intéressantes qui peuvent être facilement adoptées à nouveau pendant certaines périodes, ou dans certains lieux, lorsque la situation le demande.
De plus, si l’on veut avoir une vue sur l’évolution de la Covid-19, n’est-il pas plus intéressant de tester à certains endroits plutôt que « partout, tout le temps » ? Le baromètre testing utilisé par les médecins généralistes (dont l’utilisation doit encore se développer en Wallonie) et la généralisation du testing à l’entrée des hôpitaux et des urgences nous semblent suffisants pour avoir une photographie de la situation et pouvoir réagir lorsque c’est nécessaire.
Nous nous rendons compte également que les recommandations concernant la population en général et les enfants, en particulier, sont appliquées de manière disparate en fonction des moyens et des régions. L’opérationnalisation de ces consignes varie énormément et les conséquences que cela entraîne aussi. Prenons le testing chez les enfants : certains élèves se retrouvent en quarantaine alors que ce n’est pas nécessaire, simplement parce qu’ils ne sont pas testés à temps, faute de suivi et de forces vives. Résultat : les parents sont empêchés de travailler, se tournent vers leur médecin traitant, parfois trop tard pour un suivi efficace, et cela déborde le rôle du médecin généraliste (tant qu’il n’y a pas de symptômes à soigner). Dans ces conditions, nous demandons qu’il y ait une réelle prise en charge de ce suivi. Si on constate que les réponses préconisées ne sont pas opérationnelles sur le terrain, ne vaudrait-il pas mieux les abandonner, plutôt que d’alimenter le sentiment de chaos et d’incertitude ?
Nous plaidons, à nouveau, pour que les médecins généralistes ne soient impliqué que dans la prise en charge des patients symptomatiques et que le testing généralisé se déroule – de facto, et non pas seulement en théorie – en dehors de nos cabinets.
En aucun cas nous ne voulons remettre en cause les recommandations scientifiques et épidémiologiques sur lesquelles les décideurs basent leurs politiques. Encore moins apporter de la confusion en dictant une conduite à tenir sur le terrain. Mais nous tenons à rappeler que la science du Coronavirus n’est pas toujours en adéquation avec la science de la médecine générale qui se doit de prendre en compte le contexte du terrain, les réalités des familles, le traitement de toutes les autres maladies, etc. Et nous nous interrogeons de plus en plus sur la viabilité des mesures préconisées, centrées sur la seule circulation du SRAS-CoV2. Il est temps de ré-élargir notre vision de la santé et d’adopter des stratégies qui prennent en compte la réalité du terrain – de tous les terrains, dans leur diversité – sur lesquels elles ont à prendre place pour veiller à la santé de la population ?
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