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Communiqué du 27 mai 2022

1. Variole du singe: appel à votre vigilance!

Le centre européen de surveillance des maladies (ECDC) signale des cas de variole du singe en Europe. Cette maladie est due à un « monkeypox virus ». Il s’agit d’une zoonose, et jusqu’à présent les humains malades l’étaient suite à un voyage en Afrique centrale ou de l’ouest, où se trouve le réservoir de cette maladie. La nouveauté est que cette maladie a désormais été observée chez des personnes n’ayant pas voyagé, et l‘ayant donc contracté par contact interhumain en Europe. La contagiosité interhumaine semble plus importante que par le passé. Notre rôle tient donc à nouveau tant dans le diagnostic pour aider nos patients que dans la surveillance de cette maladie transmissible.

1.1 Contagion et incubation

La contagion se fait par contact rapproché, soit via des gouttelettes (respiratoires), soit en touchant des vésicules, soit via du linge porté par une personne infectée. Une majorité des cas rapportés en Europe actuellement concerne des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (MSM). L’incubation dure de 5 à 21 jours.

1.2 Tableau clinique

Les symptômes sont légers au départ et consistent en : fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, douleurs dorsales, gonflement des ganglions lymphatiques et fatigue. Une éruption cutanée peut apparaître, typiquement (dans ce que nous connaissions habituellement de la variole) d’abord sur le visage et se propage ensuite au reste du corps. Actuellement, le tableau est souvent atypique et l’éruption plus fréquente. Il s’agit d’une éruption vésiculeuse ou papuleuse, donc elle entre dans le diagnostic différentiel des éruptions de type varicelle ou syphilis secondaire. Les lésions évoluent jusqu’à l’apparition d’une croûte, qui tombe ensuite.
La maladie reste souvent bénigne, le problème actuel tient dans la contagion possible. Au-delà de la contamination interhumaine, on craint par exemple la transmission aux animaux domestiques qui entrant en contact avec la faune sauvage y créeraient un réservoir incontrôlable.

1.3 Confirmation diagnostique

La maladie doit être confirmée par analyse de laboratoire à partir de matériel prélevé au niveau des vésicules, et transporté en respectant la chaine du froid et les règles de sécurité. C’est pour ces deux raisons qu’il faut donc envoyer les personnes suspectes de développer la maladie en milieu hospitalier (service des urgences) afin d’effectuer un prélèvement (décision du RMG[1]). Il est utile de prévenir l’hôpital et que le patient s’y présente avec un masque (de préférence FFP2). Le prélèvement a une visée diagnostique pour la personne et un but d’identification virale précise (mutation du virus ou virus proche, séquençage).

1.4 Traitement

Il n’y a pas de traitement spécifique à l’heure actuelle. Le traitement est symptomatique. La question de la vaccination est en discussion, un avis a été demandé au CSS[2].


[1] Conseil Supérieur de la Santé
[2] Risk Management Group, Sciensano

1.5 Isolement et prévention

En attendant les recommandations européennes (définition de cas précise, traitement, suivi…), les conseils suivants sont formulés par le RMG :

  • Une personne dont le diagnostic est confirmé doit rester en isolement jusqu’à la chute des croutes consécutives aux lésions. En particulier, éviter tout rapport sexuel.
  • L’isolement est recommandé également aux personnes suspectes d’être contaminées, en attendant la confirmation diagnostique.
  • Une personne ayant eu des contacts rapprochés avec une personne infectée (contact à haut risque) doit surveiller l’apparition d’éventuels symptômes et éviter les contacts rapprochés avec d’autres personnes, en particulier les rapports sexuels.

Les contacts à haut risque sont :

  • les contacts familiaux et partenaires sexuels (jusqu’à 48h avant l’apparition des lésions)
  • les soignants ayant été en contact avec les lésions cutanées sans protection appropriée.

1.6 Déclaration

Il s’agit d’une maladie à déclaration obligatoire, vous pouvez utiliser les canaux suivants (comme pour les autres maladies à déclaration obligatoire) :

Les informations vont évoluer et se préciser dans les prochains jours. Le site de Sciensano dédie une page à ce sujet, où vous retrouvez entre autres l’avis du RMG et les recommandations pour les professionnels de la santé. Cette page sera mise à jour en fonction de l’évolution des recommandations.

2. Médecins vigies : appel à collaboration !

Notre rôle de médecin généraliste inclut une préoccupation pour la santé publique, la pandémie de Covid-19 nous l’a rappelé à souhait. Pour prendre des décisions pertinentes pour la santé au niveau d’une population, il importe d’avoir une vision des pathologies les plus fréquentes, de leur développement et/ou de leurs modifications. Les médecins vigies participent à la surveillance des maladies et au recueil de données. Leur réseau a besoin d’être étoffé, particulièrement à Bruxelles et en Wallonie. Sciensano fait appel aux médecins intéressés à collaborer à ce recueil de données.
Plus d’infos sur le réseau des Médecins Vigies.
Lien vers le formulaire  pour devenir membre du réseau de Médecins Vigies.Seules certaines pathologies sont actuellement visées. Sachez que le Collège de Médecine Générale et plusieurs de ses membres sont impliqués dans des groupes de travail pour penser plus largement ce recueil de données et la place de la médecine générale dans la santé publique.